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Le blog de Teresa Montagnon

La néologie, ou comment la langue s’enrichit à chaque nouvel évènement

La crise du COVID-19 qui nous touche mondialement est sur toutes les lèvres. Encore inconnu en décembre 2019, le coronavirus est devenu pour chacun de nous une réalité.

Du plus petit enfant au vieillard, des chinois qui l’ont découvert aux peuples les plus reculés d’Amérique du Sud ou des archipels qui commencent à l’entrevoir, nous sommes tous confrontés à cette épidémie. Et nous avons trouvé des mots pour le dire.

 

Des langues vivantes :

Nos langues sont vivantes. C’est pourquoi elles évoluent avec l’usage que les gens en font. Qu’ils soient natifs du pays ou expatriés. Qu’ils utilisent la langue dans une région du pays source ou dans un pays dont la langue est la même. Les langues s’enrichissent mutuellement, des mots s’empruntent et se transforment, il y a un va-et-vient permanent entre les langues.

 

Qu'est-ce qui enrichit une langue ?

Ce sont globalement des mots liés à de nouvelles pratiques ou nouvelles technologies, absentes de notre langue il y a encore quelques années. C’est ce que l’on appelle des néologismes. Avec la mondialisation, ces mots apparaissent dans plusieurs langues en même temps. Chaque langue va alors personnaliser ces mots, souvent d’origine étatsunienne mais pas uniquement. C’est la néologie, la formation de nouvelles unités lexicales.

Des mots nouveaux en quelque sorte, comme la cryptomonnaie, ubériser, le darknet, ou l’hackaton en Français. En espagnol, de nouveaux mots sont aussi apparus dans le dictionnaire tels que teletrabajador, un mot tout à fait d’actualité, okupar, bloguero ou encore billonario.
La high tech, l'écologie, les mutations sociétales mais aussi, dans un contexte moins heureux, la pandémie causée par le COVID-19 déclenchent la création de nouveaux mots.

Comment les mots apparaissent-ils ?

Ils peuvent être créés par des scientifiques, des chercheurs, des informaticiens qui nomment alors leurs découvertes ou leurs créations.
Mais aussi par des bloggeurs ou des influenceurs qui stimulent la langue sur les réseaux. A ce propos, connaissez-vous l’Urban Dictionary, que l’on pourrait traduire par « dictionnaire de la rue » ? Ce dictionnaire en ligne anglophone participatif a été créé en 1999. Les définitions sont inscrites par les internautes. Tout le monde, quelle que soit sa nationalité, peut proposer un nouveau mot et sa définition. Un vote est ensuite fait par les visiteurs et les mots les mieux classés se voient alors souvent repris par les journalistes, les hommes politiques et deviennent des mots d’usage courant.

Quels nouveaux mots sont apparus ces dernières semaines ?

Avec la crise que nous traversons, de nouveaux mots ont fait leur apparition dans le langage courant. Mais aussi des mots qui existaient déjà, mais dont le sens a changé. En linguistique, on appelle ce phénomène néosémie. Nous pourrions évoquer par exemple le confinement, le déconfinement, les gestes barrières, la distanciation sociale, la dysgueusie…, en espagnol quelques exemples comme el confinamiento, desescalada, los hábitos saludables, el distanciamiento social, la disgueusia… - Autant d’expressions encore inconnues du grand public, il y a quelques semaines.

On termine sur une touche d’humour ?

Connaissez-vous le terme covidiot ou covidiota en espagnol ?


Sa définition est simple, il s’agit d’une personne qui agirait de manière démesurée face à la crise qui nous touche. Par exemple, une personne achetant autant de papier toilette qu’il lui en faudrait pour une année entière, ou se ruerait sur les pâtes et la farine pour en faire des réserves. Ou encore, une personne qui ne prendrait pas la mesure de la gravité de l’épidémie et multiplierait les comportements idiots, en s’affranchissant des gestes barrières ou en ne se souciant pas des autres.
Essayez de taper l’hashtag #covidiot ou #covidiota sur les réseaux, et vous aurez de nombreux exemples.

 

« En ces temps mouvants, plus que jamais, un traducteur professionnel doit se tenir informé des évolutions de la langue. Ce travail est passionnant et indispensable pour mes fonctions d’interprète traductrice français / espagnol, c’est la garantie d’une retranscription riche de sens de votre traduction.»